Surnommé the King, the Ambassador, the Elder Statesman (le Vieil Homme d’Etat), B.B. King, le plus populaire des bluesmen a taillé au Blues sa place dans la culture populaire occidentale. Son interprétation pleine d’âme du classique The Thrill is Gone, dont l’enregistrement en 1970 marque le début d’un notoriété internationale, est sans doute le blues le plus connu au monde. Parmi ses succès, le premier Three O'Clock Blues, est suivi d’une kyrielle de standards dont You Know I Love You, Everyday I Have The Blues et Sweet Little Angel.
Pour construire son style, B.B. King a subi l’influence positive de musiciens comme: T-Bone Walker, Lonnie Johnson, Blind Lemon Jefferson, Elmore James,·Bukka White (cousin de sa mère), Robert Lockwood, Jr. et Lowell Fulson. Il a lui même influencé de nombreux artistes : Buddy Guy, Eric Clapton, Stevie Ray Vaughan, U2, pour ne citer qu’eux. Son style n’est peut-être pas le plus pur, mais certainement un des plus variés, des plus universels et surtout des plus connus. Il y a un revers à sa popularite : certains esprits chagrins lui reprochent d’être devenu une star et un businessman au lieu de rester un bluesman pur et dur. Mais, il a réussi la mission qu’il s’était fixé : faire connaître le Blues.
Le fait qu’il soit toujours en activité rend tous ses enregistrements faciles à trouver. Il a un Club, le B.B. King Blues Club & Grill sur la 42ème, à Time Square, New York City.
Biographie
Riley B. King est né à Itta Bena, petite ville du Delta, près d’Indianola, Mississippi, en 1925. Ses parents, Albert et Nora Ella King sont de petits sharecroppers ayant travaillé dur dans la région tout au long de leur vie. Riley reçoit le prénom de son oncle, seul parent de son père Albert. Notons qu’Albert n’est pas le grand bluesman d’Indianola, seulement un homonyme, du même pays mais sans aucun degré de parenté.
Riley a 4 ans lorsque Nora Ella King part avec un autre homme et revient dans ses collines de l’Est du Delta. Albert, le père, ne réagit pas et perd tout contact avec sa femme et son fils. Riley vit par intermittence avec sa mère et deux beaux-pères successifs, mais il passe plus de temps près de Kilmichael, chez sa grand-mère maternelle, Elnora Farr, une sharecropper travaillant les terres de Edwayne Henderson, un fermier éleveur laitier.
Sa mère et sa grand-mère, très religieuses, l’emmènent aux offices de la Holiness Church de Kilmichael. C’est là que le jeune Riley reçoit ses premières influences musicales : celles du pasteur – Archie Fair – par ailleurs beau-frère de son oncle maternel, William Pullinan. La musique est le moyen choisi par Archie Fair pour réunir la congrégation paroissiale. Le pasteur mène les chœurs en les accompagnant à la guitare, et il commence à apprendre cet instrument et le chant au jeune Riley. Le rôle vocal bientôt dominant de Riley mûri son futur charisme musical
La mère de Riley meurt en 1935, le laissant seul avec sa grand-mère. Lorsque son père l’apprend, il lui propose de venir habiter avec lui et sa nouvelle femme à Lexington, Mississipi. Riley est plutôt réticent à l’idée d’abandonner son école et le tout nouveau groupe de gospel vocal qu’il a formé avec son cousin Birkett Davis et son ami Walter Doris Jr. Il décide de rester à Kilmichael.
Quand sa grand-mère meurt en Janvier 1940, son oncle William et sa tante Mimy, comme le reste de sa famille – petits sharecroppers pour Henderson, n’ont pas les moyens de l’élever. Riley reste donc dans la cabane de sa grand-mère et cultive un unique arpent de terre (4 000 m²) pour en tirer du coton. Il gagne à peine de quoi manger et, à l’automne 1940, va s’installer chez son père, à Lexington.
Il y reste 2 ans avant que le mal du pays le ramène à Kilmichael, en 1942 à 16 ans. Il réintègre l’Elkhorn School et relance son groupe de gospel. La famille de Flake Cartledge – fermier blanc pour Henderson – prend Riley en pension et il travaille pour gagner sa pitance. Les Cartledge sont très bons avec Riley et Flake lui prête même $2.50 pour acheter sa première guitare à Denzil Tidwell. Fin 1942, Riley décide d’émigrer vers le Delta pour y trouver un meilleur travail, mais il pense déjà a former un groupe vocal plus étoffé avec son cousin Birkett. Au printemps 1943, Birkett emprunte une voiture et emmène Riley à Indianola, Mississipi.
Riley trouve un job de sharecropper et de conducteur de tracteur, payé 1 dollar par jour.. Il a maintenant un travail qualifié, un nouveau groupe vocal et une petite amie.
Le groupe, un chœur de 5 hommes, conduit par John Matthews, s’appelle "The Famous St. John Gospel Singers" et Riley les accompagne à la guitare lors de leurs prestations, surtout dans des églises. A l’occasion il passent sur WGRM, la station de radio locale de Greenwood, Mississipi. A la même époque Riley joue du Blues au coin des rues d’Indianola, le Samedi soir. Le Blues n’est pas une nouveauté pour lui, le cousin de sa mère, Bukka White, un célèbre Bluesman de Memphis, venait voir la famille à Kimichael. Riley découvre bientôt qu’en investissant son salaire pour voyager dans d’autres villes du Delta, il peut tripler ses revenus en chantant le Blues. Ceci, et sa fréquentation d’autre Bluesmen du Delta, le détourne peu à peu du gospel.
Reconnu apte au service armé en 1944, Riley a été finalement exempté à la demande de son employeur Johnson Barrett et aussi suite à son premier mariage avec Martha Denton. Riley tente alors de persuader le St. John Gospel Group de quitter Indianola pour trouver la gloire. Il comprendra vite que c’est un chemin qu’il lui faudra suivre seul. Le déclic lui vient un soir de Mai 1946 : ne voulant pas expliquere comment il a cassé son tracteur, il quitte la ville avec sa guitare et $2.50 en poche, prend la Highway 49 vers Memphis et part à la recherche de son cousin Bukka White.
Pendant 10 mois, Bukka enseigne l’art du Blues - paroles et musique - au jeune Riley. Les deux hommes répètent ensemble, mais n’apparaissent pas en public. Riley fréquent également de nombreux autres bluesmen autour de Memphis, commençant à s’imprégner de leur influence. Après un retour à Indianola pour retrouver sa femme et payer ses dettes en travaillant la terre, Riley revient à Memphis fin 1948, déterminé à réussir dans la musique. Il cherche Sonny Boy Williamson 2 qui a une émission de Blues sur la radio KWEM. Riley et Sonny Boy se sont rencontrés à Indianola, avec le guitariste Robert Lockwood Jr. Riley convainc Sonny Boy de le laisser jouer une chanson dans son show radio. Le standard de la station saute aussitôt. Sonny Boy confie alors à Riley un spectacle qu’il a en surbooking, un récital en public au Miss Minnie’s Saloon de West Memphis. Miss Minnie dit à Riley que s’il veut devenir un habitué du Saloon, il doit faire sa promo à la radio.
Le 7 Juin 1947, une nouvelle radio, WDIA, prend les ondes. En 1948, c’est la première station de radio entièrement gérée par des noirs. Riley va voir le DJ Nat Williams pour lui demander s’il peut faire un disque. Un des deux patrons de la station, Bert Ferguson donne à Riley un spot de dix minutes pour promouvoir un nouveau tonique, Pepticon. Tout comme Sonny Boy Williamson chantait le concurrent, Hadacol, sur KWEM. Riley peut jouer et chanter ce qu’il veut du moment que c’est à la gloire de Pepticon. Le jingle était "Pepticon, Pepticon, sure is good. You can get it anywhere in your neighbourhood" (Pepticon, Pepticon, oui c’est bon. Vous en trouverez près d’la maison). Intello, non ? Oui mais succès immédiat ! Riley devient le Pepticon-boy, on le nomme DJ et on lui donne une émission, le Sepia Swing Club. Il lui faut un nom qui flashe à la radio. Il devient le Beale Street Blues Boy, puis le Blues Boy King, qu’il raccourcit en B.B. King.
La popularité de B.B. King grimpe en flèche. Il enregistre son premier disque en 1949 pour la Bullet Recording and Transcription Company, qui a abordé le marché du Race Record avec une série de Blues appelée Sepia series. Ce premier enregistrement attire l’attention de frères Bihari (Jules, Saul et Joe), patrons de Modern Records qui publie sous trois labels : Kent, Crown et RPM. L’été 1949, B.B. King signe un contrat de 10 ans avec Modern. Un de ses premiers titres chez RPM sera B.B. Boogie. Sans encore atteindre une popularité nationale, B.B. était localement célèbre, ses disques passent à la radio, il donne des concerts publics et devient la vedette des Roadhouses, juke-joints et honky-tonks. Mais en dehors de Memphis, personne ne le connaissait.
Avec le développement de sa notoriété, il fallait un manager à B.B. Il en trouve un en la personne de Robert Henry, patron d’une salle de billard de Beale Street, d’un magasin de disques, d’un parc de loisir et de quelques restaurants.
A Noël 1951, B.B enregistre Three O’Clock Blues de Lowell Fulson, qui atteindra le sommet de charts en 1952. La célébrité nationale dans la race music est là, avec ses spectacles, ses tournées et ses enregistrements. C’est aussi l’année de son divorce d’avec Martha, sous la pression des cadences infernales du showbiz.
En 1953, il signe avec un nouveau manager d’une envergure supérieure : un Texan nommé Maurice Merrit. En 1955, le groupe de B.B. se compose de 13 personnes écumant les routes à bord du Big Red, un vieux bus Greyhound recyclé maison. C’est ce même bus qui sera impliqué dans un accident, près de Dallas en 1958. B.B. n’est pas assuré et doit payer $100,000 de dommages et intérêts. Il mettra des années à rembourser.
1958 est l’année de son second mariage, avec Sue Hall, de 15 ans sa cadette. Toujours sous la pression du showbiz, ils divorceront en 1966 et B.B. écrira The Thrill is Gone.
Au début des années 60, il passe chez ABC Record, mais le rock’n roll est roi et B.B. et la race music n’arrivent pas à se faire reconnaître du grand public blanc. Vers 1965, tout commence à changer. L’Amérique blanche découvre la musique de Son House et Mississipi John Hurt au Newport Folk Festival. Le succès du Butterflied Blues Band à ce festival débouche sur un album best-seller, dont les instrumentistes rendent publiquement hommage à B.B. King. B.B. Qui ? Cette fois c’est parti ! Tournes dans des grandes salles de rock, des grands hotels et des Universités. En 1969, la gloirs : le Tonight Show à la télévision, puis le célèbre Ed Sullivan Show en 1971.
A partir de 1973, le manager de King est Sidney A. Siedenberg, un comptable new-yorkais et, malgré des rapports parfois cahotiques, il l’est toujours.
La popularité actuelle de B.B. King vient de son travail acharné pendant plus de 50 ans et du regain de popularité du Blues, qui a commencé dans les années 60 avec la vulgarisation de l’Urban Electric Blues, le Roi avait trouvé son trône. Vive le Roi !